Réflexion suite à l’écoute de votre émission « le buseness du marché du chômage » sur les prestataires de service de Pôle Emploi dont C3Consultants http://lc.cx/Zga2

Consultant Formateur Indépendant j’ai créé mon organisme de formation JLV en 1990. C’est un organisme privé (eurl).

Sommaire :
1- Anpe dans les années 90
2- Anpe dans les années 2000
3- Création de Pole Emploi
4- Un manque de valeurs insoutenable

Mon choix de ce statut lors de la création était une conséquence de la situation suivante : « je vais intervenir auprès de personnes en recherche d’emploi principalement auprès d’entreprises, il me parait plus sain d’avoir un statut d’entreprise plutôt que d’association ce comme cela est fréquemment le cas. »

Ce que j’ai regretté de ne pas entendre :

Dans les années 90, les agences locales pour l’emploi qui connaissaient les intervenants avaient le pouvoir de décider avec quel organisme et surtout quels intervenants elles pouvaient concevoir des stages (une présentation de prestation représentait 4 à 5 pages).
La mise en place, fin de années 90, par appels d’offres, semblait offrir une transparence qui s’est avéré un leurre en terme de qualité : les critères de jugement s’avérant n’être en définitive que plus opaques. J’ai pu constater par exemple que des propositions élaborées par notre organisme, se retrouvaient dans le cahier des charges de l’appel d’offre de l’année suivants sans que l’action correspondante ait été même retenue (une réponse pour une prestation est passée à 20/30 pages). Considérant que cette démarche pouvait s’apparenter à une appropriation du travail de conception et du détournement de propriété intellectuelle, nous avons restreint nos réponses.

Nous sommes intervenues durant presque vingt ans sur quasiment toutes les prestations d’aide aux transitions professionnelles avec la confiance totale des nombre de conseillers et chefs d’agence. Les formulaires d’évaluations que nous avons mis en place font état de plus de 95 % de participants satisfaits ou très satisfait même sur des prestations comme le BCA (Bilan de Compétences dit « Approfondi ») pourtant tant décrié.
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Dans les années 2000 la prise en main du « contrôle » administratif qui s’est fait petit à petit au niveau régional a conduit à des aberration liées à la psychorigidité absolue de certains contrôleurs dont l’objectif final n’était pas l’intelligence du travail mis en œuvre (le plus apporté aux personnes accompagnées) mais le suivi scrupuleux des cahiers des charges : « la loi et non l’esprit de la loi ». Ceci a conduit à des situations ubuesques. Je considère avoir été spolié du paiement de prestations que j’avais réalisées sous des prétextes étonnants :
Premier exemple : facturation de 7 € seulement sur 700 € d’une prestation entièrement réalisée mais pour laquelle de second entretien avait été fait le 15e jour au lieu du 14e (sur 90 jours de prestations et 7 entretiens prévus et effectués). La prestation a été considérée non effectuée à partir du 1er entretien et donc facturable au 1/90 du coût prévu. (j’ai refusé d’établir une telle facture ).
Deuxième exemple. Je convoque, en me trompant d’une journée, le 8e jour au lieu du 7e après le précédent entretien une personne pour l’entretien de clôture d’une prestation. Comme précédemment  j’ai dû refaire ma facturation et perdre cette fois 1/7 du montant total. Considérant l’erreur de ma part j’ai refait la facture mais l’Anpe m’a alors demandé d’indiquer que la personne avait abandonné la prestation. Pour être payé je devais établir un faux quant à la situation et trahir, je pèse mes mots, la confiance que le participant m’avait accordé : je n’ai jamais établi un tel document et ait par ce fait renoncé au 700 € environ de la prestation. prestation qui avait été réalisée dans l’esprit de la loi et selon mes valeurs professionnelles.
Nombre de prestataires se sont découragés de telles humiliations et bassesses administratives.

Ces exemples pour contrecarrer certains jugements quasi sectaires que j’entends sur le fait que les salariés de pôle emploi et pôle emploi en tant que structure génèrent l’honnêteté que le PRIVE ne serait là que pour faire de l’argent.
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Et puis est arrivé Pôle Emploi et ses acheteurs. Nouvelle démarche : ils ont réussi à faire chuter les prix en 3 mois comme la Grande Distribution n’y arrive qu’en plusieurs années. le BCA par exemple soumis au même cahier des charge est passé de 700 € à 300 €. Il était pourtant avéré qu’avec les anciens tarifs les prestataires, soucieux de la qualité, du respect des personnes en recherche d’emploi, des collègues de l’anpe, n’avaient à aucun moment dégagés de tels bénéfices qu’il ont pu établir des salaires supérieurs à ceux de la convention collective.
De plus l’obligation de création de regroupements a conduit à la perte parfois totale d’activité pour les membres des regroupements qui n’avaient  pas été retenus. Cela a conduit à la fermeture de nombre d’organismes qui représentaient un tissu local de compétences et dont l’engagement se situait à la base sur des notions syndicales ou humanitaires.
A noter qu’au sein des regroupement seul le mandataire recevait les prestations qu’il dispatchait selon son gré.

Pôle Emploi a établi une logique commerciale libérale faisant fi des compétences, de l’engagement des formateurs ou/et consultants. N’a-t-il pas été dit, uniquement oralement naturellement, lors de négociations avec des mandataires : « il est indiqué douze heures pour cette prestation, vous en ferez moins mais devez baisser vos tarif » ? Etonnant non !
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Je me tiens à la disposition du journaliste s’il tient à compléter son enquête auprès d’un acteur PRVE, depuis 1987, des prestations destinées aux personnes en recherche d’emploi.
Il n’est pas question pour ma part de juger C3Consultant dont je ne connais pas les pratiques et avec lequel je peux être concurrent sur le terrain.

J’ai omis de vous signaler que depuis trois ans j’ai cessé, de ma propre initiative, alors que j’étais habilité, toute prestation pour Pôle Emploi (qui représentait 70 % de mon CA) pour les raisons suivantes :
–         je tiens à pouvoir regarder les participants dans les yeux sans regarder ma montre pour des raisons purement financières.
–         Je n’ai pas créé mon activité pour être en état de totale soumission à un client dont les objectifs ne sont pas ceux qu’il est censé représenter.
–         Pôle Emploi avait annoncé : les tarifs seront plus faibles mais vous aurez du nombre et pourrez faire des groupements. Or les tarifs ont bien été massacrés mais le volume est resté le même et il s’est avéré impossible, pour ma part, de faire des regroupement
–         Le mandataire sur les BCA (Bilan de Compétences dit « Approfondi ») n’a pas résisté à la baisse des tarifs, a déposé le bilan et  n’a pas réglé des prestations effectuées par ces membres et que Pôle Emploi avait réglé à ce mandataire (détournement de fonds publics selon mon analyse ?) . Une dizaine de prestation que j’avais effectuées en connaissance de potentiel de risque certes, ne m’ont jamais été payées. Tous les acteurs privés ne pensent pas qu’à l’argent (il n’y a pas de monopole ni du cœur ni de l’étique).
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Jean-Louis Vincent, Consultant Formateur Indépendant, fondateur de JLV
site : www.jlv.fr