Pourquoi nous renonçons à la demande d’habilitation 2016 pour les Bilans de Compétences par le Fongecif de Haute Normandie ?

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Sommaire

1 – préliminaire
2 – Historique des habilitations pour les Bilans de compétences avec le Fongecif Haute Normandie :
3 – L’audit :
4 – Le projet professionnel, notre vision :
5 – Remarques sur l’audit :
6- Réponse à certaines remarques inscrites dans le comte rendu :
6.1 – « Absence de signalétique de l’activité bilan de compétences en interne » :
6.2 – « Démarche de bilan ne respectant pas les phases prévues dans le texte ….
6.3 – « Pas/peu de regard pluriel. Le regard croisé n’est pas systématique. Peu de cas de figure où il a été proposé » :
6.4 – « Pas de réseau formalisé des personnes ressources »
6.5 – L’auditeur « perçoit le rôle joué par le salarié qui semble acteur et actif dans son bilan ».
6.6 – Utilisation du « vous » qui ne facilite pas l’usage social ainsi que des résultats de tests qui ne font pas le lien avec le projet professionnel.
6.7 – Synthèse D : orientation vers un projet de certification (obtention d’un BTS par la VAE) et non projet professionnel » :

7 – Conclusion :
7.1 – Il semble que l’autonomie du participant
7.2 Le texte de loi stipule que durant la phase de conclusion
7.3 La synthèse
7.4 Ce courrier sera une lettre ouverte

L’article

1 – préliminaire

Afin de permettre une analyse sereine de notre part, cette réponse au résultat de l’audit du Fongecif Haute Normandie qui s’est déroulé fin 2014 a été différée à ce jour. Notre décision du non renouvellement de demande d’habilitation pour les bilans de compétences en 2016 reste plus récente mais liée à cette analyse. (retour au sommaire)

2 – Historique des habilitations pour les Bilans de compétences avec le fongecif Haute Normandie :

Habilité, en 2000, par le Fongecif Haute Normandie, notre centre n’a cessé depuis cette date d’être habilité par plusieurs OPCA et Fongecif. Notre habilitation par le Fongecif Haute Normandie a été perdue il y a quelques années suite à l’arrivée d’un nouvel auditeur, auquel nous avions signifié sa psychorigidité, et probablement de nouvelles instructions. Sachant l’arrivée d’un nouvel auditeur, nous nous sommes repositionnés en 2014 pour l’habilitation 2015. (retour au sommaire)

3 – L’audit :

Ce n’est pas le premier auquel nous participons. Un audit du Fongecif Ile de France réalisé il y a quelques années nous est apparu alors constructif et structurant. L’auditeur nous ayant exprimé le niveau de professionnalisme et les singularités qu’il analysait dans notre démarche.

J’ai abordé personnellement ce nouvel audit 2014 par le Fongecif Haute Normandie sans aucun stress, aucune appréhension.
Pour quelles raisons me suis-je senti mal à l’aise en cours d’audit ? Probablement parce qu’il m’était difficile de trouver ma posture : celle qui serait mienne dans un échange de pratiques avec une collègue consultante (l’auditrice) qui s’est présentée comme praticienne du bilan de compétences ? Dans cette situation il est bon d’exprimer principalement ses questions, ses doutes afin d’enrichir la réflexion commune. Celle d’un candidat à un examen ? Le jeu n’est pas tant, dans ce cas, de parler juste que de parler efficacement ou de dire ce que l’on suppose que l’autre désire entendre. Le parler vrai fut mon choix.

A partir du moment où des termes tels que « ça n’a pas de sens » ont été prononcés à l’égard de points relatifs à une indication quantitative des résultats de test sur les synthèses, il fut difficile de penser que l’on se situa dans une échange de pratiques.
Pour ma part j’ai dû réaliser aux alentours de 10.000 entretiens auprès de 1500 personnes en transition professionnelle, je suis convaincu n’avoir que rarement dit « il faut », « vous devriez », « ce n’est pas possible » et si je l’ai dit je pense avoir eu tort. J’espère n’avoir jamais formulé l’expression « ça n’a aucun sens ». Il est vrai que je n’audite pas les participants ! (retour au sommaire)

4 – Le projet professionnel, notre vision :

Amener le participant à construire son projet et non celui que le consultant pourrait concevoir en tant que « sachant ».
C’est-à-dire : mettre notre expérience, nos différents savoirs à la disposition du participant et mobiliser notre énergie, notre réflexion, notre écoute, notre créativité pour amener celui-ci à se poser les questions qui lui permettront de déterminer ses propres solutions. (retour au sommaire)

5 – Remarques sur l’audit :

L’audit n’a pas permis ni d’approfondir ni d’expliciter, à notre grand regret :

– les moyens de rendre personnalisant le travail du bilan (en faire une action de formation structurante).
– La posture du consultant et son rôle de médiateur singulier : posture visant à minimiser, voire à rendre impossible, toute prise de pouvoir mentale de « sachant », voire de manipulation
– La manière d’aborder les projets.
– La manière de permettre au participant de valider ou d’invalider un projet.
– La manière de promouvoir l’autonomie du participant.
– L’étude des stratégies de réalisation en amont du plan de mise en action.
– L’étude et l’expression des itinéraires/projets bis ou ter.
– La capacité à travailler, outre sur les projets à moyen terme, les projets à très court terme et aussi à très long terme.

Les analyses du dispositif et/ou de l’approche de médiation et développement cognitif me sont apparues absentes de la grille d’évaluation. Si le précédent auditeur n’est plus, il semblerait :
– soit qu’il ait marqué de son empreinte la vision que peut en avoir aujourd’hui le Fongecif Haut Normand,
– soit que la structure qui le mandatait était porteuse de sa vision. (retour au sommaire)

6- Réponse à certaines remarques inscrites dans le comte rendu :

Les annotations à chaud qu’il m’a été demandé de signer en fin d’entretien d’audit (j’en assume la responsabilité) sans me laisser le temps d’analyser sereinement après 2 h 30 ou 3 heures de réunion ces attendus notifiés ont conduit au compte rendu. La seule remarque que j’ai inscrite correspond à l’absence de notification des raisons objectives pour lesquelles ma collègue n’avait pu être présente, raisons que j’avais explicitées.
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6.1 – « Absence de signalétique de l’activité bilan de compétences en interne » :

Nos locaux ont une salle d’attente, deux bureaux et un espace ressources / travail. Les participants sont reçus sur rendez-vous et le consultant vient les accueillir. Depuis 11 ans que nous occupons ces locaux personne ne s’y est perdu. (retour au sommaire)

6.2 – « Démarche de bilan ne respectant pas les phases prévues dans le texte : « « l’analyse de la demande commence lors du premier rendez-vous avant la signature de la convention (phase préliminaire). Suite à la signature de la convention, le bilan démarre à partir des éléments repérés en entretien d’accueil et se poursuit ensuite ». ».
L’analyse de la demande commence lors du premier rendez-vous avant la signature
de la convention (phase préliminaire). Suite à la signature de la convention, le bilan démarre à partir des éléments repérés en entretien d’accueil et se poursuit ensuite.
Pourrions-nous interpréter cette remarque comme signifiant que lors de l’entretien préliminaire il soit indécent, contrevenant au Code du Travail de vérifier les raisons pour lesquelles le participant potentiel se positionne pour un bilan. Ne pourrait-il « tester » la méthodologie et le relationnel qui lui seront proposés durant le bilan. Le bilan commence une fois la convention signée. Faut-il signer avant de connaître le potentiel de confiance, d’écoute, de respect du consultant ? Pourquoi demander de rencontrer plusieurs centres ? Nous indiquons que toute note sera détruite si le bilan s’effectue ailleurs.

Notre souci de l’éthique et notre pratique valent davantage à nos yeux que la seule signature physique d’un contrat. (retour au sommaire)

6.3 – « Pas/peu de regard pluriel. Le regard croisé n’est pas systématique. Peu de cas de figure où il a été proposé » :

Pour quelles raisons devrait-il l’être pour assurer la qualité de la prestation ? Le dispositif mis en place repose principalement sur le choix du participant de la méthodologie proposée par notre CBC, du consultant avec lequel il pense pouvoir mener à bien son travail dans des conditions relationnelles et de confiance présentées par ce consultant lors de ou des entretiens préliminaires. Il convient de considérer la démarche structurante et de médiation sur laquelle nous appuyons notre approche. Le travail d’enquête, de prise d’information amène, en fonction de leurs besoins, les participants à effectuer DE MANIERE AUTONOME ces regard croisés avec des professionnels, des organismes de formation, des tiers. Le second consultant intervient SI BESOIN EST. Faut-il considérer que le consultant soit jugé d’office incapable de mener à bien, seul, ce travail ? Si oui pourquoi un seul auditeur serait-il suffisant dans le cas d’un audit ? (retour au sommaire)

6.4 – « Pas de réseau formalisé des personnes ressources » :

Il semblerait que le fait que les deux consultants interviennent depuis trente ans en formation sur les transitions professionnelles et ce sur la région n’ait pas été pris en compte. Les contacts Viadeo et Linked’in représentent un réseau formalisé. Ce réseau JLV s’appuie sur 800 responsables de formation / RH et DRH, et chefs d’entreprise ayant accepté la cohérence de notre vision des RH. Fait-il donner la liste ? Les ressources des réseaux du SYCFI, de PROSE Normandie permettent de contacter directement des consultants. La participation à de nombreux groupes sur Viadéo et Linked’In ont permis plus d’une cinquantaine de participation à des échanges liés directement aux transitions professionnelles et à ce titre établi des relations professionnelles. Jean-Louis Vincent a été membre du GIR val de Seine durant plusieurs années (réseau de 200 entreprises de la région de la vallée de Seine). (retour au sommaire)

6.5 – L’auditeur « perçoit le rôle joué par le salarié qui semble acteur et actif dans son bilan ».

La volonté d’établir le bilan autour de cette démarche n’a été que perçue quand nous la revendiquons, la mettons au centre du dispositif et la présentons comme telle dans le document « notre méthodologie » qui a été joint dans le dossier de demande d’habilitation (elle figure également sur notre site et est lisible par tous). (retour au sommaire)

6.6 – Utilisation du « vous » qui ne facilite pas l’usage social ainsi que des résultats de tests qui ne font pas le lien avec le projet professionnel.

Une partie de cette remarque nous parait assez surprenante puisque le précédent auditeur nous avait formulé la remarque inverse en préconisant l’utilisation du « vous ». Sur ce point nous pouvons noter une évolution de regard entre les auditeurs successifs. (retour au sommaire)

6.7 – « Synthèse D : orientation vers un projet de certification (obtention d’un BTS par la VAE) et non projet professionnel » :

Il s’agit en l’occurrence du BTS MUC pour le projet professionnel indiqué comme suit :
Projet 1 : Responsable magasin
ROME D1301 Management de magasin de détail.

Il semblerait que l’auditeur n’ait pas perçu le lien entre moyen et objectif. (retour au sommaire)

7 – Conclusion :

Nos valeurs en matière de bilan ne nous paraissent pas correspondre à celle choisies par le Fongecif Haute Normandie. Cette raison conduit à notre absence de positionnement pour les bilans en 2016. (retour au sommaire)

7.1 – Il semble que l’autonomie du participant ne soit pas repéré comme élément prioritaire dans la grille d’analyse or cela représente à nos yeux le point essentiel d’une démarche de bilan. L’autonomie du participant devient d’autant plus importante que la posture du consultant l’y conduit, à l’inverse de l’emprise que peut lui conférer ses titres et sa position. Le repérage du degré de professionnalisme du consultant nous apparaît fondamental et assoit, nous semble-t-il le respect des différentes chartes déontologies (SICFI, RP-CFI, CNC, CIBC, CBC ….), et par, voie de conséquence, le respect tant du texte que de l’esprit de la loi en matière d’influence mentale. (retour au sommaire)

7.2 Le texte de loi stipule que durant la phase de conclusion le participant doit « prendre connaissance des résultats détaillés de la phase d’investigation ». Le consultant se doit d’en rendre compte au participant. Dans un dispositif où l’accompagnement se veut personnalisant, s’appuie sur la maïeutique, la médiation cognitive, la notion de restitution n’a pas grand sens puisque la construction des projet s’effectue en temps réel où toute production ou proposition du consultant n’est qu’élément de réflexion, de mise au travail. Le participant au même titre que le consultant est amené à échanger les réflexions qu’il aura menées entre deux entretiens. La restitution dans un rapport de « sachant » à « bénéficiaire » ne nous semble pas de mise. Si le consultant mène le dispositif, le participant détermine les validations et invalidations, la poursuite ou non des chemins d’investigations qui peuvent être proposés par le consultant. (retour au sommaire)

7.3 La synthèse reste un élément important du bilan mais le fait que le participant soit porteur, décideur, élaborateur de son ou ses projets, des stratégies qui en permettront la ou les mises en oeuvre nous apparaissent plus importantes. Le projet repose sur un ensemble d’éléments dont la dimension dépasse celle du simple écrit, fût-il une synthèse sérieuse du travail effectué.

Dernier point : la politique du Fongecif Haute Normandie fait en sorte qu’un organisme seulement soit habilité pour les villes de moins de 30.000 habitants. Est-ce vouloir réellement laisser la possibilité d’un choix éclairé aux participants quand il leur est conseillé de rencontrer plusieurs centres ? (retour au sommaire)

7.4 Ce courrier sera une lettre ouverte car, tentant d’œuvrer pour la qualité des prestations, je me sens concerné et responsable en tant que :
responsable d’un Centre Bilan de Compétences
professionnel des transitions professionnelles,
citoyen,
travailleur,
syndicaliste
et pense que chacun, au titre de ce qu’il représente, doit pouvoir bénéficier de regards pluriels sur la prestation de bilan de compétences qui les concerne et dont certains sont des utilisateurs potentiels.

Les partenaires sociaux sont parties prenantes de la mise en place des dispositifs liés au Code du Travail, que chacun prenne ses responsabilités, je pense par cet article avoir pris les miennes. Une évolution de textes datant de 1992 pourrait en permettre une meilleure adéquation aux problématiques actuelles, une meilleure compréhension de l’esprit de cette loi en permettrait d’ors et déjà une utilisation plus opérationnelle et actuelle.
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Jean-Louis Vincent
Consultant-Formateur Indépendant, gérant de JLV, certifié prestataire expert en bilan de compétences par l’ICPF & PSI