Nous présentons depuis quelques temps le bilan comme un espace / temps de réflexion :

Espace par le fait qu’il se déroule dans un espace bien déterminé hors de l’entreprise et des lieux habituels professionnels ou privés.

Espace spécifique par la confidentialité qui y est instaurée. La mise en confiance et le contrat moral du non-jugement et de confidentialité forment le terreau sur lequel la réflexion pourra s’inscrire.

Le temps qui va permettre la maturation des réflexions, du « malaxage » des attraits, des freins, des compétences ou talents. Le temps qui va autoriser la recherche des informations.

Dans le cas de bilan avec des cadres, je ressens souvent que le bilan représente un très rare moment où le participant peut se centrer objectivement sur lui, hors des contraintes habituelles. Il devient un lieu et temps de construction de projet. Existe-t-il des formations à la construction de projet dans le catalogue de formation ?  Le processus peut donc se revendiquer d’être à ce titre un apprentissage.

Acte de formation par

–         son impact structurant

–         le travail d’inventaire, de hiérarchisation, d’analyse effectué par le participant.

–         son impact d’appropriation, par l’intéressé, de la mise en perspective vers laquelle convergent les projets élaborés.

En me confrontant aux écrits (*1) proposés par une collègue, je me suis aperçu que plusieurs des termes, utilisés de manière récurrente au sein de notre organisme et sur lesquels reposent nos méthodes, s’y trouvaient : « espace-temps », « catalyseur », « médiation », « décentration »

L’article explique , entre autre, qu’une action de formation est d’autant plus efficace qu’une situation de parité est instaurée entre le formé et le formant, c’est à dire justement lorsque le formant n’a plus une posture de formant mais de médiateur entre le formé et l’objectif de la formation. La posture du consultant Bilan de Compétences peut suivant la démarche employée se situer dans une telle position.

Toute démarche de bilan de compétences qui propose de donner une place entière à l’autonomie du participant conduit, me semble-t-il, le consultant à une opter pour une posture de  médiateur et non de conseiller. A ce titre le fait de proposer des informations, de mettre ses compétences et expériences à disposition du participant à condition de ne pas conclure ou influencer  pour une « meilleure » voie mais en en explicitant les probabilités de réussites, n’entre pas dans ma définition du conseil.

Le bilan permet fréquemment au participant une mise en perspective professionnelle qui s’appuie sur un travail d’échafaudage utilisant la globalité des son parcours, de son être pour ce qu’il a voulu y mettre. Ce travail est la conséquence d’un apprentissage qui a mis en oeuvre des actions de questionnement, d’investigation, de repérage, d’inventaire, d’analyse, de hiérarchisation, de synthèse. Une action qui peut proposer une telle dynamique intellectuelle  pourrait-elle ne pas s’appeler formation ?

Ainsi un accompagnement de ce type mené par un consultant dont la posture :

refuse :

–         toute manipulation de la pensée du participant

–         de minimaliser autant que possible ses affects, choix personnels, a priori,

a pour objectif de :

–         considérer le participant dans sa globalité

–         de l’amener à trouver et élaborer ses propres solutions

–         de permettre au participant la structuration  et l’appropriation des ses choix.

peut permettre une mise à disposition du participant par le consultant, sans prise de parti :

–         de ses connaissances

–         de son expérience

dans un état d’esprit d’échange.

n’engendre-t-il pas nécessairement un processus formatif et ce dans les meilleures conditions présentées par les travaux cités d’Etienne Bourgeois (1*) ?

Au fait qu’en est-il de la place du bilan dans la réforme de la formation, dans le CFP ?

Le Bilan de Compétences, s’il n’est pas qualifiant, certifiant, labellisant …., peut représenter une étape incontournable de la mobilisation d’un individu sur son parcours ou/et évolution professionnels et sur une revendication professionnalisante de son parcours. A ce titre il semble s’intégrer dans l’esprit de la loi qui promeut la responsabilisation de la personne sur sa propre évolution professionnelle.

*1 – « traité des sciences et technique de la formation » dir. Philippe Carré, Pierre Caspar ed. Dunod Paris 1999. Textes d’Etienne Bourgeois – « interactions sociales et performance cognitive » – « identité et apprentissage » (Education permanente n° 128/1996-3).