Témoignage subjectif à propos de faits avérés.

 ANPE : un maillage d’organismes prestataires de proximité existait alors

Responsable d’un organisme de formation, nous sommes intervenus durant une vingtaine d’année pour l’ANPE sur des actions d’accompagnements auprès de personnes en recherche d’emploi. Même si certaines psychorigidités d’une démarche qualité mal comprise (démarche qualité non coopérative) pouvaient contrecarrer expertise de terrain et intelligence de mise en oeuvre, il était alors possible de mettre en place des actions que je qualifierais d’artisanales ou libérales organisées par des organismes dont la volonté première était la prise en compte de la personne en recherche d’emploi et le retour pérenne à la reprise d’emploi. Les intervenants comme les organismes avaient une volonté d’engagement citoyenne dans la lutte contre le chômage. Un maillage d’organismes de proximité existait alors.

Pôle Emploi a mis en place une politique d’Achat digne de la Grande Distribution dont l’impact premier a été de faire chuter le prix de prestations, par exemple de 750 € à 300 € pour un cahier des charges quasi identique (je dis « quasi » pour éviter toute polémique). J’ai compris alors que je m’étais cru être un partenaire alors que nous n’étions en fait considéré que comme des exécutants dont les compétences n’étaient pas prioritaires et qui n’avaient qu’un seul devoir et droit : celui de se taire et de ne pas en abuser.

Aucun prestataire sérieux ne s’étant outrageusement enrichi avec les anciens tarifs (quoique puissent en dire certains), il était clair que la qualité des prestations ne pouvait que se déliter. Compétences et qualité ont un prix, on ne s’improvise pas accompagnateur de personnes en recherche d’emploi de longue durée, bref nombre des organismes les plus compétents soit ont décliné la poursuite de « collaboration » soit ont déposé le bilan.

Deux raisons à ces arrêts d’activité : les uns ont été tués par un arrêt cinglant d’interventions dû aux résultats des appels d’offre, d’autre justement parce qu’ils ont avaient été retenus mais qui n’ont pas pu résister, dans la durée, aux tarifs « négociés ». Ceux qui continuent peuvent-ils réellement rémunérer leurs intervenants dans le cadre de la convention collective ? J’ai pour ma part décidé il y a trois ans d’interrompre nos interventions pour Pôle Emploi, voulant éviter cette injonction contradictoire qui était établie : respecter d’une part les personnes que je devais accompagner et respecter d’autre part les tarifs imposés.

Mauvais choix politique ?  (au sens noble du mot)

Les contacts que je pouvais et peux avoir avec les collègues des agences Pôle Emploi attestent du mal être engendré par la politique de ce service. Qui paie les pots cassés ? Les personnes en recherche d’emploi, les personnels de Pôle Emploi, les sous-traitants ou ex-sous-traitants. J’imagine que le pari était fondé sur une reprise de l’activité en France et donc de miser sur des accompagnements à court terme qu’aurait permis une reprise économique : mauvaise pioche ! Quels dégâts !

Jean-Louis Vincent, consultant-gérant JLV expert ICPF & PSI en formation et conception de formation d’insertion, d’évaluation et orientation professionnelle.

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